Les robots vont révolutionner notre vie sexuelle

Aux États-Unis, en Europe ou en Chine, un nombre croissant d’entreprises mettent au point des «sexbots» toujours plus réalistes. De quoi détrôner, à terme, la traditionnelle poupée plastique et les sex-toys classiques.

Leur but: rendre l’expérience intime bien plus interactive, en dotant notamment les robots d’un système d’intelligence artificielle et de capteurs sensoriels. Ils pourront revêtir l’apparence de notre choix, seront capables d’exécuter de nombreuses positions et ou pratiques sexuelles, d’exprimer des sentiments, d’adopter une large palette de réactions et seront ainsi censés assouvir tous les fantasmes de leurs utilisateurs. Autant de prouesses technologiques qui ne vont évidemment pas sans soulever d’importantes questions éthiques.

Les avantages du sexe high-tech

En plus de procurer, en théorie, un plaisir plus intense, les robots sexuels possèdent d’indéniables atouts. Selon la journaliste et spécialiste des droits des femmes Lydia Morrish, ces derniers pourraient contribuer au traitement des «dysfonctions et troubles sexuels tels que les problèmes d’érection, l’addiction au sexe, les traumatismes ou même la pédophilie». Plus généralement, ils apparaîssent comme des remèdes à la solitude ou la frustration sexuelle de bon nombre d’individus.

 

Craintes et réticences

Malgré ces arguments de poids, certains experts redoutent les dérives que pourrait bien entraîner la démocratisation des robots sexuels. Professeur émérite en intelligence artificielle et robotique, Noel Sharkey affirme que «la plupart des spécialistes» craignent que l’intimité sexuelle avec des robots ne mène, en réalité, qu’à une plus grande isolation sociale. Et qu’aux défis des «vrais» rapports sexuels se substitue la facilité d’une relation avec un robot.

Dans un rapport datant de juillet 2017, la FFR (Foundation for Responsible Robotics), qui oeuvre pour un développement responsable et régulé des robots, estime que ces gadgets risquent de renforcer l’objectification et la banalisation de la violence sexuelle. Dont les femmes seraient les premières victimes:

«Créer une représentation pornographique du corps féminin via une machine active fait de ce dernier une marchandise.»

Une façon de perpétuer les inégalités entre les sexes, pour l’éthicienne Kathleen Richardson, fervente opposante aux robots sexuels et fondatrice de l’ONG Campaign Against Sex Robots. Comme elle, des milliers d’activistes réclament la tenue d’un débat éthique sur la question et un encadrement juridique strict de cette nouvelle industrie. Certains vont même jusqu’à prôner l’interdiction pure et dure de ces poupées technologiques.

Repenser le design: un compromis?

L’essentiel du problème repose en fin de compte principalement sur l’apparence physique hyper-réaliste de ces robots, qui sont la plupart du temps pensés et conçus par des hommes. Pour Lydia Morrish, la réponse serait de «repenser des robots ou gadgets qui ressemblent moins à des femmes ouvertement sexualisées», contrairement à l’immense majorité des prototypes actuels.

L’accent devrait avant tout être mis sur la sensation et le plaisir, qui peuvent être amplifiés sans que cela ne passe forcément par une reproduction identique du corps humain. Autrement dit, pour limite les dégâts, les spécialistes préconisent la conception de robots… qui ressembleraient à des robots.

 

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